Université Thomas SANKARA : le CEDRES tient le pari de la 3ème édition de la journée de vulgarisation des résultats de la recherche

Le Centre d’Etudes, de Documentation et de Recherche Economiques et Sociales (CEDRES) de l’Université Thomas SANKARA (UTS) a organisé la 3ème édition de la journée de vulgarisation des résultats de la recherche ce mardi 03 décembre 2024 à Ouagadougou. Ce sont 5 travaux qui ont été sélectionnés par un comité scientifique sur une quinzaine de soumissions. Cadres de l’administration publique, partenaires, étudiants et enseignants chercheurs se sont mobilisés pour prendre part à cette journée.
Dans son mot d’ouverture de l’atelier, le Pr Youmanli OUOBA, Responsable du CEDRES a souhaité la bienvenue aux participants. Il est revenu sur l’objectif de cette édition, qui pour lui, « … vise tout comme les deux premières éditions, à présenter aux décideurs et aux utilisateurs des produits de la recherche, les résultats obtenus par les chercheurs du CEDRES, des résultats qui s’inscrivent dans les 14 secteurs prioritaires du Burkina Faso ». Le Pr OUOBA a remercié le comité scientifique et a félicité tous les chercheurs pour les résultats obtenus tout en invitant les décideurs et acteurs de développement à se les approprier pour des actions éclairées. Il a également traduit sa gratitude au partenaire de cette édition qui est l’Initiative Prospective Agricole et Rurale (IPAR) dans le cadre du projet « Centre d’excellence Evidence-Policy-Action (EPA) ». Le Centre EPA est une initiative conjointe du Centre Africain pour le Développement Equitable (ACED) et de l’Initiative Prospective Agricole et Rurale (IPAR) dont la vision est de doter la région de l’Afrique francophone d’un Centre d’excellence dédié à la valorisation des connaissances et à l’élaboration de politiques fondées sur des données probantes, équitables et inclusives.
Pour cette 3ème édition, cinq travaux de recherche vont être présentés sous la modération du Pr François Pazisnewendé KABORE, Président de Kosyam Jesuit University of Science (KOJUS) et portent sur les thèmes divers.
Le premier thème, « Effets d’entraînement de la décentralisation fiscale sur l’accès aux services sociaux de base au Burkina Faso » a été présenté par Oumarou ZALLE, Université Norbert ZONGO et Pousseni BAKOUAN, Université Virtuel du Burkina Faso, qui ont formulé plusieurs recommandations :
- Les communes doivent encourager les partenariats avec les acteurs locaux et les partenaires internationaux pour maximiser les ressources disponibles. La coopération décentralisée devrait être renforcée par des accords de jumelage et des programmes de soutien technique et financier ;
- Les communes doivent diversifier leurs sources de financement, notamment en élargissant leur base fiscale et en introduisant des mécanismes fiscaux flexibles (par exemple, la collecte de taxes via des plateformes mobiles) ;
- Il est important que l’État central affecte les ressources financières aux communes dès le début de l’année afin d’éviter des retards dans l’exécution des projets et de minimiser les reports budgétaires ;
- Accorder aux communes la possibilité de définir des taxes spécifiques en fonction de leurs besoins locaux pourrait renforcer leur autonomie financière et améliorer leur capacité à financer des services sociaux de base.
Le second thème traite de « Effets des Chocs Climatiques sur le Dynamisme de la Production agricole au Burkina Faso » présenté par B. Denis AKOUWERABOU, Université Thomas SANKARA, Parfait BAKO, Université de Ouahigouya, Winley Michèle Brigitte GOH, Centre Universitaire de Dori et Patrick Josué Ping-Wendé KABORE, Université Nazi Boni, ont formulé deux principales recommandations suivantes :
- Apporter une assistance technique aux agriculteurs des zones inondées ;
- Mettre en place un système d’alerte précoce et identifier le type d’assistance technique à offrir aux agriculteurs.
En ce qui concerne le sujet sur « Stimuler la production alimentaire pour prévenir l’insécurité alimentaire en milieu rural burkinabè : doit-on accorder une importance à la sécurité foncière ?», Windinkonté SEOGO, Centre Universitaire de Kaya, a tiré les implications de politiques suivantes :
- Les politiques foncières doivent être au centre de la lutte contre l’insécurité alimentaire et les questions liées à l’accès à des terres doivent être résolues. Les attaques terroristes forçant des millions de ménages ruraux à migrer vers des zones sécurisées, l’accès des migrants à la terre risque de se détériorer et la production alimentaire nationale globale pourrait stagner si la sécurité foncière n’est pas assurée ;
- Repenser la réforme agraire actuelle pour le développement rural. Le gouvernement devrait prendre des mesures appropriées pour mettre un terme à la spéculation foncière à court terme. À long terme, des institutions foncières efficaces et moins coûteuses doivent être mises en place à travers un processus progressif et inclusif dans lequel le gouvernement et les autorités foncières coutumières locales sont au centre des transactions foncières jusqu’à ce que le marché foncier soit efficace dans l’allocation des ressources foncières. Le système foncier ne fonctionnera efficacement que dans un contexte de bonne gouvernance où la corruption et la violation du droit foncier sont sévèrement punies ;
- Il convient également de noter que la sécurité foncière ne suffit pas à elle seule pour améliorer la productivité agricole. D’autres facteurs contraignants incluent entre autres le faible accès au crédit ; le manque de bonnes infrastructures routières et des systèmes de maitrise d’eau et d’irrigation. Pour une transformation structurelle du secteur agricole conduisant à une sécurité alimentaire durable, ces facteurs doivent également être pris en compte.
Concernant la thématique sur « La finance numérique améliore-t-elle les effets sur le bien-être des gains de productivité des producteurs de maïs ? », Salimata TRAORE, Université Thomas SANKARA et Richard K. MOUSSA, ENSEA, Abidjan, ont tiré les implications de politiques suivantes :
- Promouvoir l’accès au financement numérique dans les zones rurales en encourageant l’installation de prestataires de services numériques adaptés aux besoins agricoles des zones rurales ;
- Renforcer la littératie et l’éducation financières en intégrant les finances numériques dans les programmes scolaires et universitaires ;
- Améliorer l’infrastructure et la confiance dans les services numériques en développant l’infrastructure financière rurale, y compris les compteurs mobiles et les services locaux ;
- Encourager l’inclusion des femmes dans les programmes de finance numérique en ciblant spécifiquement les femmes chefs de famille pour sensibiliser aux avantages de la finance numérique, compte tenu de leur impact positif sur les dépenses de santé et d’éducation.
La dernière thématique présentée au cours de cette journée est intitulée « Impact de la finance digitale sur l’autonomisation économique des femmes au Burkina Faso », par Salamata LOABA, Université Thomas SANKARA, Salimata TRAORE, Université Thomas SANKARA, D. Eugène COMPAORE, Université Thomas SANKARA et Aristide S. OUEDRAOGO, FAO. Les recommandations suivantes ont été formulées :
- Encourager davantage les partenariats entre les entreprises de téléphonie mobile et les institutions financières ;
- Offrir par le canal des institutions financières, de nouveaux services financiers mobiles, notamment de la micro-épargne, micro crédit et micro assurance, adaptés aux conditions de travail et aux revenus modestes des femmes ;
- Renforcer les offres d’emploi, les formations et les opportunités de vente de produits en ligne.
Pour rappel, le CEDRES est une structure de recherche de l’UTS créée depuis avril 1977 avec pour mission principale de soutenir le développement socioéconomique du Burkina Faso et de l’Afrique par la recherche et la formation en sciences économiques, sociales et de gestion. Il compte à ce jour 136 chercheurs et enseignants-chercheurs, dont 61% de permanents.
L’atelier s’est achevé avec une note de satisfaction, car les discussions avec les décideurs directement concernés, ont permis d’apprécier la pertinence de ces recherches et de dégager des perspectives en matière de recherche économique au profit du développement du Burkina Faso.
Service Com/UTS